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samedi 4 juin 2011

Prendre congé

Mon amie va mourir le 7 juin à 17 h.

Au début, l'élocution empâtée: "Ce n'est rien, c'est à cause de l'anesthésie que j'ai subie". Puis, de la difficulté à avaler et mâcher.
Finalement, le diagnostic qui tombe. Implacable, cruel: sclérose latérale amyotrophique. SLA. Ces trois lettres entrées dans un moteur de recherche suffisent à révéler l'ampleur du drame.
Les médecins, soignants et bénévoles ne cachent pas l'évolution de la maladie et son dénouement. Bientôt, elle ne pourra déjà plus ni parler, ni manger, ni boire. Mais elle ne veut pas de sonde pour se nourrir artificiellement.
C'est sans compter sur les surprises que la vie réserve. Elle sera grand-mère... elle a accepté la sonde.
Depuis sa naissance, elle s'occupe de sa Petite Princesse les mercredis après-midi. Elle ne peut maintenant plus parler, mais la communication avec sa petite-fille est phénoménale, enviable.
Les mois passent. Elle perd des forces. Elle ne peut plus soulever la petite. Elle ne peut donc plus la garder. Encore un petit deuil.
Le mal évolue, impitoyablement. 
Elle ne tient plus sa tête. Les muscles de son cou sont paralysés. Ses jambes ont commencé à lâcher. Ça s'est produit à la sortie du bus. Elle s'est retrouvée par terre. Des passants l'ont aidée.
Un gros deuil cette fois, celui de son autonomie.
À courte échéance se dessine la paralysie complète, alitée jusqu'à ce que ses poumons n'obéissent plus.
Elle refuse cet aboutissement.

Et moi ? Je suis là, très maladroite. Par chance, elle a gardé tout son humour. Nous rions beaucoup. Les situations pourraient souvent faire hurler de rage, mais le rire désamorce mieux que les crises. Qu'aurions-nous fait sans le courriel, les SMS et ces petites ardoises magiques pour arriver à communiquer ?
C'est elle qui m'a conseillée lorsque j'ai commencé l'aménagement de cette grande terrasse. Je n'y connaissais rien. Elle est venue avec moi chez les jardiniers, m'a donné de ses boutures, de ses plantes, m'a aidée à transplanter, m'a tout montré.
Au fur et à mesure de la progression de la maladie, les rôles se sont inversés. J'ai commencé à lui donner des coups de main dans son magnifique jardin. Puis, je l'ai de plus en plus aidée à faire les courses. L'achat des 70 timbres qui ont servi à envoyer sa lettre d'adieu à ses amis a été un cruel déchirement. Et finalement, hier, la grande douleur de faire l'épicerie, avec elle, pour le buffet autour duquel nous nous réunirons, la famille et les amis, dans son jardin, son coin de paradis,  quelques jours après son départ.
Lundi, j'irai lui rendre visite, pour prendre congé.

2 commentaires:

  1. Je pense à vous... http://youtu.be/n8q1auoDcPg

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  2. Comme je ne sais pas encore bien utiliser tweeter et ses messages directs, je t'écris ici pour te dire que je suis de tout coeur avec toi. Que la lumière de ce jour, la paix et les rires des souvenirs partagés soit avec vous tous aujourd'hui.
    Sylviane

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