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dimanche 19 juin 2011

Le papier, c'est lourd.

Les voyages forment la jeunesse, mais ça donne au visage un p'tit air de vieillesse (chantait Claude Gauthier). Quoi qu'il en soit, le contenu des bagages a considérablement changé avec le temps. C'est ce que je réalisais ce matin, en bouclant ma valise pour Venise (dit-elle, en repoussant négligemment du revers de la main ses longs cheveux blonds).

Plus de rouleaux de films, plus de guide de voyage format papier, plus de dictionnaire papier, ni de plan de ville, ni même de livres. Tout ça tient dans le téléphone et la tablette. Voilà qui allège une valise. Mais en échange, un chargeur pour l'appareil-photo, un autre pour le téléphone, sans oublier celui pour la tablette. Une pile de recharge pour l'appareil-photo et une autre pour le téléphone (les utilisateurs de iPhone peuvent-ils faire ça?).

On veut prendre le courrier, continuer à Twitter, chercher les restaurants sur google, consulter l'horaire des vaporetti et quoi encore? Ah oui, écouter de la musique ou des podcasts sur le lecteur mp3. Ça prend du «jus» tout ça!

Je me retrouve donc avec un sac bourré de câbles pour lesquels il faudra trouver des prises déjà dans le train (le lampion est déjà allumé pour qu'il y en ait) et suffisamment dans la chambre d'hôtel, pour deux personnes avec chacune sa flopée d'appareils énergivores. Ce n'est pas gagné d'avance.

jeudi 16 juin 2011

Régionalismes, mes amours

Janvier 1998, j'arrive en Suisse. À Lausanne plus précisément. Non, non, pas Montréal-Lausanne, La Paz-Lausanne. Ça ajoute au charme, non ? Je dirais même que ça ajoute au dépaysement.
Je pense que mon "pas encore mari" n'a pas voulu que le choc soit trop brutal, il m'a donc fait transiter quelques mois par la Suisse romande avant de m'implanter en Suisse centrale. Je dois avouer que le calcul n'était pas mauvais...

Quelques courses pour prendre le pouls de cette nouvelle ville qui me semble si attirante.
À la caisse, on m'annonce un 17 francs septante-cinq. Oups, un quart de seconde de réflexion et le calcul est vite fait. C'est beaucoup plus logique qu'un soixante-dix. J'adopte !
Puis, on me demande gentiment si je veux un petit cornet. Re-oups, cette fois quelques secondes de réflexion ne suffisent pas. Peut-être y a-t-il une promotion de petits cornets au sucre d'érable ? Non, ça ne doit pas être ça. En tout cas, je n'ai pas le temps de réfléchir trop longtemps à la question, les clients attendent. Je décline donc tout aussi gentiment son offre, mais comme j'ai les mains pleines, n'aurait-elle pas un petit sac pour moi ?
Le regard que ça m'a valu ! Je ne sais pas si c'était de la compassion, de la moquerie, de l'ironie, ou franchement du découragement envers mon ignorance, chose certaine, ce jour-là, j'ai appris qu'un cornet en Suisse romande n'a pas la même signification qu'un cornet en québécois.

dimanche 12 juin 2011

Différences culturelles, vous dites?



Hier un automobiliste a failli renverser un piéton sur un passage.

Zoom arrière sur mon arrivée en Suisse.

Je serais curieuse de connaître l'ange qui a protégé tous ces piétons de ma conduite automobile involontairement inconsciente. Ce n'était pas par mauvaise foi, je ne les voyais même pas! Au Québec, la priorité aux piétons n'est qu'une simple expression. La traversée des rues tient plutôt d'une valse parfaitement synchronisée entre les piétons et les voitures, de préférence entre deux feux rouges. Existe-t-il même des passages zébrés? Je n'en suis plus sûre.

À quelques reprises, j'ai vu mon mari, côté passager, freiner dans le tapis. J'ai moi-même freiné en catastrophe pour en éviter un ou deux.

Mais ma leçon est maintenant bien apprise.

À tel point qu'avant de traverser, je m'assure que la voiture s'immobilisera, au cas où ce serait un Québécois fraîchement débarqué au volant.

lundi 6 juin 2011

Le retour du portefeuille prodigue

Vous avez peut-être suivi nos aventures et mésaventures à Barcelone en mars, principalement rapportées par @fel_ch dans son blog et sur Facebook que nous avons régulièrement alimenté de nos commentaires.
Je m'étais donc fait voler mon portefeuille et j'en étais plutôt offusquée. Offusquée de m'être fait avoir encore une fois, puisque l'histoire s'était déjà produite à Prague. Offusquée avant tout d'être une proie aussi facile. Cet incident m'avait non seulement valu une perte monétaire, mais également la perte du portefeuille lui-même que j'aimais particulièrement. Il était vieux, usé, couvert de cicatrices honorables, et pourtant doux et souple comme seul le bon vieux cuir peut l'être. Et, bien sûr, cela m'avait aussi coûté quelques heures au poste de police, quelques téléphones à la banque et, surtout, l'annulation d'un repas prévu dans un bon restaurant dont on se réjouissait d'avance. Cependant, l'appétit n'y était plus, ni le coeur à la fête d'ailleurs.

samedi 4 juin 2011

Prendre congé

Mon amie va mourir le 7 juin à 17 h.

Au début, l'élocution empâtée: "Ce n'est rien, c'est à cause de l'anesthésie que j'ai subie". Puis, de la difficulté à avaler et mâcher.
Finalement, le diagnostic qui tombe. Implacable, cruel: sclérose latérale amyotrophique. SLA. Ces trois lettres entrées dans un moteur de recherche suffisent à révéler l'ampleur du drame.
Les médecins, soignants et bénévoles ne cachent pas l'évolution de la maladie et son dénouement. Bientôt, elle ne pourra déjà plus ni parler, ni manger, ni boire. Mais elle ne veut pas de sonde pour se nourrir artificiellement.
C'est sans compter sur les surprises que la vie réserve. Elle sera grand-mère... elle a accepté la sonde.
Depuis sa naissance, elle s'occupe de sa Petite Princesse les mercredis après-midi. Elle ne peut maintenant plus parler, mais la communication avec sa petite-fille est phénoménale, enviable.
Les mois passent. Elle perd des forces. Elle ne peut plus soulever la petite. Elle ne peut donc plus la garder. Encore un petit deuil.
Le mal évolue, impitoyablement. 
Elle ne tient plus sa tête. Les muscles de son cou sont paralysés. Ses jambes ont commencé à lâcher. Ça s'est produit à la sortie du bus. Elle s'est retrouvée par terre. Des passants l'ont aidée.
Un gros deuil cette fois, celui de son autonomie.
À courte échéance se dessine la paralysie complète, alitée jusqu'à ce que ses poumons n'obéissent plus.
Elle refuse cet aboutissement.

Et moi ? Je suis là, très maladroite. Par chance, elle a gardé tout son humour. Nous rions beaucoup. Les situations pourraient souvent faire hurler de rage, mais le rire désamorce mieux que les crises. Qu'aurions-nous fait sans le courriel, les SMS et ces petites ardoises magiques pour arriver à communiquer ?
C'est elle qui m'a conseillée lorsque j'ai commencé l'aménagement de cette grande terrasse. Je n'y connaissais rien. Elle est venue avec moi chez les jardiniers, m'a donné de ses boutures, de ses plantes, m'a aidée à transplanter, m'a tout montré.
Au fur et à mesure de la progression de la maladie, les rôles se sont inversés. J'ai commencé à lui donner des coups de main dans son magnifique jardin. Puis, je l'ai de plus en plus aidée à faire les courses. L'achat des 70 timbres qui ont servi à envoyer sa lettre d'adieu à ses amis a été un cruel déchirement. Et finalement, hier, la grande douleur de faire l'épicerie, avec elle, pour le buffet autour duquel nous nous réunirons, la famille et les amis, dans son jardin, son coin de paradis,  quelques jours après son départ.
Lundi, j'irai lui rendre visite, pour prendre congé.